Aller au contenu principal
Fermer

Groupe LDLC : flagship et recovery
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 13/11/2025 à 07:30

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Le logo de LDLC. (Crédits: Adobe Stock)

Le logo de LDLC. (Crédits: Adobe Stock)

Une recovery, c'est quand une société qui a eu des ennuis commence à aller mieux. Avec un redressement de son cours de Bourse à la clé. Ce qui n'est jamais facile à anticiper quand le dit cours de Bourse se traîne dans les bas-fonds, après une succession de mauvaises nouvelles, alors que les comptes sont encore peu agréables à regarder, et qu'on se dit qu'on ne sait peut-être pas tout (et que d'autres en savent peut-être bien plus que nous) sur le sujet. Et que l'avenir nous réserve peut-être d'autres surprises négatives, et qu'avoir ce dossier en portefeuille alors que vos amis l'ont vendu au bon moment comme il se doit, c'est avoir tort tout seul, et contre tout le monde par-dessus tout. Ce qui n'est pas bon, bien évidemment.

Du bon usage des recoveries

L'analyse financière peut aider dans ces cas-là, ce d'autant plus qu'elle a toujours été là pour donner les meilleures raisons de se tromper. En regardant, par exemple, si la société a de quoi supporter ses pertes et, en d'autres termes, si elle a assez de cash dans son bilan et une situation de trésorerie nette largement positive, et donc un matelas de liquidités sonnantes et trébuchantes suffisant pour tenir et voir venir. Ce qui est souvent le cas, heureusement, mais ne dispense pas de rechercher les causes des ennuis, et de se demander si celles-ci sont passagères ou pas, bref, conjoncturelles ou structurelles. Et surtout si une amélioration est possible voire probable à plus ou moins brève échéance.

Car, le fait est que quand tout se remet en place, que les marges commencent à remonter vers leurs niveaux d'avant crise, et qu'on arrête de brûler du cash, le cours de Bourse a une forte tendance à repartir vers le haut. Avec souvent l'effet démultiplicateur d'une revalorisation, d'une expansion des multiples sur des chiffres eux-mêmes en forte augmentation, puisqu'on revient de loin. Voire aussi un effet booster éventuel des rachats de vendeurs à découvert quand il y en a, mais c'est une autre histoire.

Rachat de shorts ou pas, le cas de Groupe LDLC, qui a été bien en perte sur son dernier exercice 2024-25, a tout l'air d'être une belle recovery boursière en cours, avec une activité qui redécolle sur le premier semestre de son exercice 2025-26, et le bon espoir de voir les résultats revenir dans le vert.

Une belle collection de sites de vente en ligne BtoC et BtoB…

Basé près de Lyon, créé en 1996, et toujours dirigé ses deux frères fondateurs, qui en contrôlent le capital, le groupe LDLC s'est développé à partir d'un site de vente en ligne : ldlc.com spécialisé dans le PC grand public, à commencer par le PC haut de gamme hyper-puissant pour grands amateurs de jeux video, autrement dit pour "core gamers". Avec le temps, LDLC s'est agrandi sur des marchés connexes, non seulement bien naturellement dans la High Tech grand public en général (audio, photo, smartphones etc…), mais aussi dans l'informatique professionnelle pour petites sociétés, administrations, et ainsi de suite, et dans le monde Apple aussi.

Bref : sur son dernier exercice clos fin mars 2025, Groupe LDLC a réalisé un chiffre d'affaires de 534 millions d'euros avec 1 135 salariés environ, avec 15 enseignes dont 8 sites marchands, qui distribuent 40 000 références produits.

Les sites marchands grand public BtoC étant ldlc.com, le premier en France dans sa spécialité avec 600 marques à son catalogue, materiel.net, qui vise plutôt les fins connaisseurs amateurs de configurations pointues, tout comme TopAchat. Et les sites BtoB dédiés aux besoins professionnels sont LDLC Pro, BiMP et actimac Solutions pro, qui proposent aussi du service, du conseil, de l'intégration de systèmes etc… aussi bien pour les PC que pour les Mac.

LDLC a aussi ses propres MDD de composants et des périphériques d'ordinateurs, et a bien l'intention de les développer encore plus, notamment Textform (barrettes de mémoires, alimentations, connectique), Inovu (claviers, écrans, sacoches, casques audio, souris sans fil, etc….) et Fox Spirit pour équiper les PC des "core gamers" en manettes et ainsi de suite, le tout fabriqué par les fournisseurs habituels du groupe.

… et un développement résolu dans le commerce physique, en montant en gamme qui plus est…

LDLC est aussi et surtout devenu un distributeur omnicanal ces dernières années, et donc quelque part un bon acteur du commerce de chaîne, avec 127 boutiques en tout dont 118 en France dans pratiquement toutes les villes, dont 104 à l'enseigne LDLC, dont 74 en propre et 53 en franchise, 18 boutiques LDLC et 5 boutiques actimac revendeurs Apple, plus 8 boutiques Matériel.net, 1 Configomatic by Top Achat.

Pour couronner le tout, et contre vents et marées, ce qui peut paraître plutôt un signe de dynamisme et de qualité d'affaire, LDLC a ouvert en août 2025 un mégastore (tout est relatif : 1 000 mètres carrés, mais c'est un vrai flagship en tout cas) de produits grand public high tech à Paris place de la Madeleine, sur un emplacement occupé auparavant par une enseigne prestigieuses (aussi) : Fauchon.

.. plus tout le reste

Mais ce n'est pas tout : le groupe abrite aussi des activités bien établies dans des domaines connexes, avec les logiciels de gestion de sa filiale Anikop, l'ingénierie de réseaux électriques de DLP Connect, un site de produits de consommation durable et locale : Slood, une entité qui développe dans un coin des produits de réalité virtuelle : LDLC VR, et, last but not least, l'Armoire de Bébé, la petite diversification dans la puériculture lancée en 2015, qui a fini par décoller, avec son site éponyme et 9 magasins en activité à fin mars 2025.

Inutile de préciser que LDLC a grandi en partie par acquisitions, avec des temps forts comme celle d'un concurrent sérieux opérant principalement dans le Grand Ouest : Domisys, avec son site materiel.net, son entrepôt, et une dizaine de boutique, achat payé en partie en actions, ou encore Olys, revendeur Apple parisien B to B opérant avec sons enseigne : bimp.fr, qui apportait 16 boutiques dont 11 Apple Premium Reseller. Cette dernière opération apportant au groupe tout entier une bien meilleure puissance d'achat chez ce fameux constructeur de hardware redevenu incontournable après bien des péripéties. Plus récemment, c'est-à-dire en juillet 2024, LDLC a racheté Rue du Commerce, un autre vétéran, une place de marché et une marque emblématique de la vente en ligne de matériel informatique.

Et inutile de préciser que le groupe semble s'être bien structuré malgré ces changements de périmètre, puisqu'il s'appuie sur une organisation logistique sans faille a priori avec un entrepôt "state of the art" de 46 000 mètres carrés capable de traiter 25 000 expéditions tous les jours démarré en octobre 2022, et les 60 conseillers de son centre d'appel, qui est primé tous les ans ou presque comme le meilleur service client de l'année.

Analyse des comptes : un mauvais dernier exercice 2024-2025

Etre tout au bout de la chaîne de valeur de la High Tech n'est pas toujours un métier facile. Et LDLC, même s'il vend plus au grand public qu'aux professionnels, est un revendeur à valeur ajoutée (un VAR, pour Value Added Reseller) comme les autres, avec juste assez de marge commerciale : la différence entre le chiffre d'affaires et les achats de marchandises aux fournisseurs, soit un peu plus de 20% bon an mal an, pour arriver à, si possible, créer de la valeur.

Créer de la valeur, c'est d'abord dégager un résultat positif pour l'actionnaire après avoir tout payé avec cette marge brute, dont le frais de personnel, et les investissements en communication, qui ne sont pas anodins si on veut vendre en ligne : LDLC n'hésite pas à faire de grandes campagnes de pub à la télé, dans le métro, etc…. Ce que LDLC fait assez bien la plupart du temps, en essayant aussi bien entendu d'avoir le moins possible de stock à financer, et le moins possible de dette à son bilan, pour le jour où les affaires vont moins bien.

Ce qui est arrivé sur le dernier exercice : avec des ventes en recul de  -9,1% au premier semestre (avril-septembre) sans l'apport de Rue du Commerce, soit un été faible dans le BtoC (-6,9%, dont +3,8% dans les boutiques quand même) et franchement mauvais dans le BtoB (-13,7%), pour cause de "contexte économique et politique difficile", et avec un deuxième semestre un peu moins grave (-4,6%) et donc un exercice à fin mars 2025 à -6,5%, LDLC a été en perte d'exploitation. Une perte concentrée sur le premier semestre avant tout, avec une marge opérationnelle (le rapport arithmétique entre le résultat opérationnel, qui le fameux Ebitda anglo-saxon diminué des amortissements, et le chiffre d'affaires) en recul de -2,8 points à -3,5%. Mais un deuxième semestre à peu près rentable, avec des ventes qui reculent moins, Noël aidant, à -4,6% sur un an, soit une marge opérationnelle (cf plus haut) de 0,4% (un chiffre intéressant que l'on obtient  en soustrayant les comptes semestriels aux comptes annuels, ce qui est très facile à faire avec un modèle simple sur Excel, qu'on se le dise).

Fait important à noter, LDLC a réussi à préserver à peu près son bilan sur ce bien mauvais dernier exercice, avec un ratio d'endettement net/Fonds Propres toujours aussi bénin, soit 7% contre 5% un an avant (même si le fameux levier est passé de 0,4x à 2,6x), et une situation de trésorerie nette toujours largement positive, et même un peu améliorée. Ceci en bonne partie grâce à une gestion active des stocks (48 jours de CA contre 57) et donc une réduction significative du besoin en fonds de roulement (le non moins fameux BFR) et autant de besoin de financement en moins.

Mais ça devrait aller mieux

Bref : le deuxième semestre 2024-25 a été un peu moins dur, mais Groupe LDLC a nonobstant cela annoncé un Plan de Sauvegarde de l'Emploi début mars , qui s'est transformé (comme son nom ne l'indique pas), en 66 licenciements pour motif économique dans la maison mère et 20 autres dans une filiale : Olys. Ceci alors que tout semble repartir, avec des ventes en progression de +9,5% au premier semestre de l'exercice en cour, dont +11,1% pour le deuxième trimestre juillet-août-septembre (+10,2% pour les boutiques), et dont en tout +13,7% en six mois en organique pour le BtoC, et encore -1,7% pour le BtoB, dont toutefois +0,6% au 2ième trimestre.

Tout ça parce que l'offre de produits grand public s'est renouvelé semble-t-il (iPhone 17, etc…) et parce que les entreprises ont besoin de maintenir leurs parcs informatiques (tout en y ajoutant les dernières nouveautés, comme toujours).

Bref, la recovery est en marche apparemment, et on en saura plus le 11 décembre quand la société publiera et commentera ses résultats du 1er semestre 2025-26, lequel devrait être positif en exploitation selon la direction.
Ce que, le marché, dans son immense sagesse, n'a pas vraiment attendu, puisque le cours de Bourse a progressé de +30% depuis trois mois, et est bien remonté de l'enfer des 7-8€ dans lequel il stagnait en début d'année. En attendant la suite ? Après tout, on est encore un peu loin des 22€ environ d'avant les ennuis, sans parler de la folle époque (un peu lointaine) où Groupe LDLC était une darling.

Tout ce que l'on sait finalement, c'est que ça va, ça vient, tout ça

Valeurs associées

14,3500 EUR Euronext Paris -1,03%

1 commentaire

  • 08:45

    Comme disait Gainsbourg "Hélas je connais tout ce qui se passe à l'intérieur"...


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.
Chargement...